La production laitière : une tradition qui se perpétue
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Produire du lait pour l’ensemble des Québécois et des Québécoises, c’est souvent une histoire de famille. Une histoire comme celle de Jacob et de sa sœur Marika, qu’on a pu voir dans la téléréalité L’amour est dans le pré. Ce duo inséparable n’a pas hésité à reprendre la ferme fondée par leur grand-père à Sainte-Eulalie, dans le Centre-du-Québec.
Aujourd’hui, à l’aube de la trentaine, ils font rouler l’entreprise aux côtés de leur père Réjean et leurs 90 animaux font aussi partie du clan!
« Moi, je l’ai su assez jeune, lance Jacob. À 14 ans, je savais déjà que j’allais être fermier. » Le producteur de lait échange un regard complice avec sa sœur. « On avait fait un pacte : “Si ça t’intéresse, ça m’intéresse aussi.” », se rappelle Marika. Derrière eux, Maréjaco Inc. est écrit en peinture rouge sur l’un des bâtiments de la ferme. Maréjaco comme dans Marika, Réjean et Jacob Côté, les trois actionnaires de la ferme. Un acronyme qui reflète bien l’esprit d’équipe qui rallie la famille.
« On se complète bien, la mécanique et les champs, c’est plus les gars », résume Marika. « La comptabilité, c’est elle », enchaîne son frère. « Et le soin des animaux, c’est aussi moi. Mettons que je tonds plus les bêtes que toi, souligne Marika. « La traite, c’est deux fois par jour, sept jours sur sept. On s’en occupe tous les trois. Sinon, ce ne serait pas égal », tranche Jacob.
« Ce qui nous occupe en ce moment, c’est la construction d’une rallonge pour l’étable, poursuit l’agricultrice de 27 ans. Ça prend un peu de jus de bras, mais on développe de nouvelles compétences. » « On fait plusieurs métiers à la fois ! », renchérit son frère, de deux ans son cadet.
Les deux font la paire
Pour peu, on croirait que Marika et Jacob sont jumeaux (et pas qu’à la manière qu’ils ont de terminer les phrases l’un de l’autre !). Les deux portent une salopette grise, un t-shirt rouge, de grandes bottes de pluie, une casquette de travers (aqua pour Marika, noire pour Jacob), desquelles s’échappent quelques mèches blondes.
En plus de travailler ensemble, ils ont choisi d’habiter l’un à côté de l’autre dans des jumelés qu’ils ont fait construire, il y a quatre ans, sur la propriété familiale, près de la maison de leurs parents et de celle de leurs grands-parents. « Marika, c’est ma sœur, mon amie, ma partenaire de sport. Dès qu’on a l’occasion de faire quelque chose, on le fait ensemble », insiste Jacob.
Au point de s’inscrire tous les deux à la dernière saison de L’Amour est dans le pré ! Si Jacob s’est désisté à la dernière minute parce qu’il venait de rencontrer quelqu’un, Marika, elle, s’est rendu jusqu’au Mexique où elle a cru un instant avoir trouvé le père de ses enfants. Le couple n’a toutefois pas survécu à la réalité de la ferme. « Je ne cherche pas l’impossible, mais ça prend quelqu’un qui est prêt à vivre cette vie-là. » Aujourd’hui, le frère et la sœur sont à nouveau célibataires, mais ils ont la chance de pouvoir compter l’un sur l’autre. « Chaque chose en son temps », philosophe Marika.
L’amour du métier
Il est 16 h 40 et toute la famille s’active dans l’étable. Monique, la chatte monte la garde tandis que sa portée de chatons est blottie dans un coin. Les vaches ont eu droit à leur ration de foin et attendent patiemment leur tour pour être traites. Ce matin, Marika a pris le temps de les brosser. « On voit qu’elles aiment ça à la manière dont elles creusent le dos et lèvent la queue ! » La traite et le soin des animaux, c’est ce qu’elle préfère. « Heureusement que j’aime ça, parce que c’est ma tâche principale », dit-elle en riant.
« C’est l’amour du métier ! On ne peut pas le transmettre si on ne l’a pas », lance son père Réjean avant de s’accroupir près d’une vache. Il n’y a pas si longtemps, le grand-père de Marika et Jacob aurait été là lui aussi. Jusqu’à son décès, au printemps dernier, Roland leur prêtait main forte. Le jour même de son 83e anniversaire, il était dans l’étable avec une chaudière pour ramasser l’eau qui s’y était infiltrée. « C’était un vaillant ! », s’exclame Jacob.
La vie sur la ferme n’était pas la même lorsque le patriarche a fondé la production laitière, il y a 60 ans. « À l’époque, il creusait des fossés à la pelle. Il travaillait 10 fois plus et ce qui lui restait dans ses poches, c’était pas grand-chose, déplore le jeune homme. Heureusement, on n’en est plus là! » Au départ, Roland pouvait produire de 3 à 4 kg de lait par jour. Son fils, lui, rêvait d’atteindre 40 kg au quotidien lorsqu’il a repris la ferme, en 2010. « Aujourd’hui, notre quota est de 60 kg par jour », annonce fièrement Marika.
Profiter de la vie
Marika et Jacob n’ont pas pour autant des idées de grandeur. « Prendre de l’expansion, ça voudrait dire plus de bêtes, plus de vêlage, plus de travail. Il faudrait agrandir les bâtiments et changer de silo. Ce ne serait pas rentable », soutient-elle.
Ils se réjouissent d’avoir hérité d’une ferme prospère. En plus de leurs 90 animaux, dont environ 70 vaches laitières, ils ont des poulets et des œufs, ils font leur propre fromage et cultivent des légumes, ce qui leur permet d’être autosuffisants. À leurs yeux, ce qui compte c’est avant tout la qualité de vie. Et ils semblent avoir trouvé la formule parfaite pour en profiter pleinement.
« Dans le temps, mon père travaillait sept jours sur sept, souligne Jacob. Aujourd’hui, il est content d’avoir ses fins de semaine. » Même si le frère et la sœur sont debout à 5 heures du matin pour la traite, ils peuvent s’offrir des jours de congé et il n’est pas rare qu’ils s’affrontent au volley-ball en après-midi.« L’été passé, j’ai joué 45 parties de golf ! », fait remarquer Jacob. Et sa sœur d’ajouter : « On travaille quand il faut travailler, mais on a aussi du temps pour s’amuser. C’est la beauté de notre métier! »
À 55 ans, leur père est loin d’être prêt à prendre sa retraite. Ce qui n’empêche pas les deux complices d’envisager l’avenir. Un avenir qu’ils imaginent ensemble. « Mon frère et moi, on ne s'obstine jamais, assure Marika. On fait vraiment une bonne équipe. » Idéalement, ils aimeraient avoir des enfants en même temps pour qu’ils puissent grandir ensemble sur la ferme. Et, qui sait, peut-être reprendre les rênes de l’entreprise familiale. « C’est sûr qu’avec tous les efforts qu’on met, on souhaite que la tradition se perpétue », ajoute-t-elle. Comme elle l’a si bien dit : chaque chose en son temps.